Mélanome : voici la région française où le taux est trois fois supérieur à la moyenne (et ce n’est pas dans le sud)

2022-09-30 19:40:33 By : Ms. Fairy Jane

Qui a dit qu’il fallait forcément vivre dans un département du sud de la France pour s’exposer d’autant plus à un risque de mélanome (cancer de la peau) ? Comme l’explique le journal Le Parisien, les autorités sanitaires alertent sur l’augmentation progressive du nombre de mélanomes en Bretagne ces trente dernières années. « On est confronté à une augmentation progressive mais continue du nombre de mélanomes en Bretagne sur les trente dernières années : on est trois fois supérieur à la moyenne française. », alerte Élodie Poullin, directrice de la CPAM des Côtes-d’Armor, en charge de la coordination de la prévention en région Bretagne. L’alerte provient en effet de l’Assurance maladie qui a même décidé de lancer il y a quelques mois une campagne spécifique baptisée « Alerte Breizh ! 3 fois plus de cancers de la peau en Bretagne. Protégeons-nous ! ». Pour rappel, il existe deux grands types de cancers de la peau : les carcinomes et les mélanomes. Les carcinomes sont les cancers de la peau les plus fréquents. Ils surviennent généralement après l'âge de 50 ans, sur les zones découvertes du corps.

Selon l’Institut National contre le Cancer, « le mélanome cutané est beaucoup plus rare que le carcinome mais c’est le plus grave des cancers de la peau, du fait de son haut potentiel métastatique. » Le mélanome peut se situer n'importe où sur le corps, y compris sur le cuir chevelu : il se développe à partir d’une cellule initialement normale qui se transforme et se multiplie de façon anarchique pour former une lésion appelée tumeur maligne. Selon l’organisme, il s’agit du cancer pour lequel le nombre de nouveaux cas par an augmente le plus : depuis 30 ans, l’évolution est de 4 % par an chez l’homme et de 2,7 % chez la femme. Or, au regard des chiffres nationaux, la Bretagne se distingue clairement par le fait que près d’un millier de mélanomes y sont diagnostiqués chaque année. Ainsi, en 2014, avec près de 1 305 cas de mélanomes recensés, la région se situait presque trois fois au-dessus de la moyenne nationale. « On compte 64 décès en moyenne par an en Bretagne (deuxième rang pour la mortalité par mélanome de la peau chez la femme, après la Normandie). », note ainsi l’Assurance maladie.

Celle-ci indique par ailleurs qu’au sein de la région, les Côtes d’Armor, le Morbihan et le Finistère sont en surmortalité respectivement de 20 %, 25% et 34% par rapport à la moyenne nationale chez l’homme. « Chez la femme, le rapport standardisé de mortalité met en évidence une surmortalité importante en Bretagne (28 %) par rapport à la France métropolitaine. », fait-elle remarquer. En outre, le constat est le même pour le Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues (SNDV) qui révélait dans une étude très détaillée pour l’année 2014 un nombre de cas proportionnellement très supérieur en Bretagne à celui de la région PACA et à la population nationale : 585 cas de mélanome en PACA, ce qui correspond à la moyenne nationale en pourcentage de population contre 1305 en Bretagne, soit près du triple de la moyenne nationale. « En appliquant la moyenne nationale, on devrait n’en trouver que 558. », indique l’organisme, pour qui ces chiffres démontrent bien qu’en réalité l’exposition au soleil est aussi intense et donc dangereuse en Atlantique qu’en Méditerranée.

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Si ce constat peut surprendre, il s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par « le contexte breton » : ce n’est pas parce qu’il y a des nuages ou qu’il fait gris, que les UV ne sont pas dangereux. En effet, c’est précisément parce qu’elle n’est pas considérée comme une région à risque que les Bretons auraient tendance à moins se protéger des UV qui sont pourtant autant présents qu’ailleurs. « Les coups de soleil peuvent aussi se produire quand la température est plus faible, au niveau de l’intensité à partir du niveau UV 3, il faut se protéger et pas qu’à la plage. », renchérit Élodie Poullin. Toujours est-il que les personnes lient souvent risque solaire avec chaleur et beau temps, « alors que les rayons UV sont aussi présents, même par temps nuageux, que dans d’autres régions plus au sud. Ils sont dangereux pour notre peau et nos yeux. » précise l’Assurance maladie. On parle d’un « indice UV » pour mesurer l’intensité du rayonnement solaire : plus il est élevé, plus il est nécessaire de se protéger du soleil et de ne pas y rester trop longtemps, même sous un ciel nuageux ou en cas de brouillard.

Le SNDV estime par ailleurs qu’une autre explication à cette singularité bretonne « est sans doute liée aux phototypes des populations » : en Bretagne, les habitants ont, le plus souvent, la peau et les yeux clairs (Phototype I à II) alors qu’en région PACA, c’est le type méditerranéen, yeux et cheveux foncés, qui domine. Aussi, connaître son phototype permet de mesurer son niveau de risque face au soleil : on en distingue 6. Il s’avère que plus le phototype est faible, plus il faut se préserver du soleil. Outre le phototype, une autre explication tient tout simplement au fait que les habitants de cette région côtière aiment passer du temps en extérieur, et ce sans réflexe d’utiliser de la crème solaire. Par ailleurs, le risque est très variable selon les tranches d’âge : pour les mélanomes, plus fréquents après 50 ans, les hommes atteints sont près de 3 fois plus nombreux en Bretagne qu’en PACA selon l’étude. Une situation qui peut sans doute être imputé aux nombreuses activités maritimes présentes, notamment à la pêche, et aux autres activités professionnels de plein air à l’instar de l’agriculture.

Face à ce constat, l’organisme concluait donc d’ores et déjà sur le fait que « ni les idées reçues, ni les effets ressentis ne peuvent remplacer l’indispensable prévention qui s’impose à tous et partout : vêtements, chapeaux, lunettes, crèmes solaires, parasols, protection renforcée pour les enfants… Cette même prévention doit aussi conduire chacun à faire procéder régulièrement à un examen de tout signe cutané suspect auprès d’un dermatologue. » Quels sont-ils ? La « règle ABCDE » peut aider à reconnaître les signes d’alerte : A comme Asymétrie (le grain de beauté n'est pas régulier, ni rond, ni oval et ses reliefs ne sont pas répartis régulièrement autour de son centre), B comme Bords irréguliers et mal délimités, C comme Couleur (noir, bleu, marron, rouge ou blanc) D comme Diamètre (plus de 6 mm) et E comme Évolution (il évolue et grossit, change d'épaisseur et de couleur). En plus de ces précautions, l’Assurance maladie recommande un autre réflexe, celui de s’abonner à l’indice UV de votre commune, ce qui permet d’être informé au jour le jour et adapter ses gestes de protection.