Vêtements de sport : gare aux textiles « innovants » aux étiquettes souvent trompeuses

2022-06-24 18:26:34 By : Ms. Gabrielle Yuan

S’entraîner au quotidien avec des vêtements de sport dernier cri, pourquoi pas… mais à condition que ces derniers respectent leurs promesses annoncées. Et à ce titre certaines propriétés innovantes seraient bien trompeuses comme le révèle une récente enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) relayée par l’UFC-Que Choisir. De quoi parle-t-on ? De textiles dits « techniques », soit qui répondent à des fonctionnalités et performances particulières, dont le fabricant assure qu’ils sont au choix « respirants », « antitranspirants », « antibactériens », « thermorégulateurs », « ergonomiques » ou encore qu’ils peuvent résister aux déchirures, éviter les mauvaises odeurs et bloquer les rayons UV. « Ces textiles répondent à de nouveaux besoins liés en particulier à l’essor des pratiques sportives. Ils ont pour objectif d’améliorer le confort, la résistance et l’hygiène des produits. Les professionnels sont ainsi de plus en plus nombreux à en revendiquer l’usage dans leurs produits. », indiquent les auteurs du rapport.

À découvrir également : On sait enfin s’il vaut mieux faire du sport le matin ou le soir

Certes, les propriétés techniques relevées dans les étiquetages cherchent à répondre aux attentes croissantes des consommateurs en termes de bien-être et d’hygiène. Mais la Répression des Fraudes révèle que certains descriptifs et étiquetages recourent à une accumulation de termes « scientifiques » censés correspondre à des technologies innovantes alors que ces termes en question ne sont pas expliqués par des précisions sur les propriétés objectives des produits. Leur présence s’expliquerait plutôt pour « convaincre et inciter le consommateur à acheter le produit. » La loi est pourtant claire : toute propriété technique ne peut être revendiquée que si elle est fondée sur des preuves scientifiques vérifiables. Lors de l’enquête, 36 % des 67 établissements contrôlés étaient en anomalie, avec notamment 13 avertissements adressés, dont 5 visant « des allégations trompeuses et des non-conformités au règlement » et 10 injonctions, dont 6 pour obtenir des justificatifs ou faire modifier des étiquetages. Des sanctions qui devraient conduire les entreprises à corriger leur discour commercial par rapport aux propriétés techniques de leurs produits.

En cause donc, une surenchère dans l’emploi des allégations commerciales mais aussi une tendance à exagérer les bénéfices réels apportés par les produits. La DGCCRF pointe particulièrement du doigt les propriétés annoncées sur les produits « thermorégulant », « respirant » et « ergonomique » qui ne sont pas toujours établies de façon suffisamment étayée. Ainsi, « certains professionnels ne sont pas en mesure de fournir des justificatifs permettant de prouver le bien-fondé de leurs allégations. Le problème ? Cela peut induire le consommateur en erreur, voire le tromper, et le conduire à acheter un produit qui ne présente pas forcément les qualités annoncées. », notent les auteurs de l’enquête. S’agissant des produits antibactériens ou « anti-odeurs », le constat est inverse : des traitements biocides utilisés mais non mentionnés. Il s’agit plus précisément de propriétés souvent mises en avant seules sur l’étiquetage, sans autre précision, et qui renvoient généralement à des traitements biocides contenant des substances chimiques, parfois sous forme de nanoparticules.

Mais leur usage doit pourtant être impérativement mentionnées dans l’étiquetage des produits (Règlement n°528/2012 relatif aux produits biocides). Le laboratoire de la DGCCRF, qui a analysé six prélèvements, a confirmé que deux produits étaient traités avec des nanoparticules d’argent sans que cette information ne soit portée à la connaissance des consommateurs. À la suite des résultats, les opérateurs commercialisant ces deux produits les ont retirés du marché. « Mais combien d’autres sont encore présents en rayon ? », s’interroge l’UFC-Que Choisir. En effet, la DGCCRF évoque l’intérêt croissant des industriels pour les nanomatériaux, dont la structure comporte au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nanomètres environ, utilisés d’ailleurs de plus en plus dans les aliments, les cosmétiques et les médicaments. Mais au vu des préoccupations liées à leur impact sur la santé et l’environnement, la DGCCRF demande aux fabricants de communiquer davantage sur l’identité des substances chimiques biocides utilisées, en particulier lorsque le consommateur n’a pas accès physiquement aux produits.