Voiles de Saint-Tropez: cloués à quai mardi à cause du vent, les voiliers promettent du grand spectacle ce mercredi - Var-Matin

2022-09-30 19:42:37 By : Ms. Linda Zhou

Le mistral soufflait encore, encore, encore… mais à défaut de prendre la mer ce mardi, les marins vont sans doute larguer les amarres ce mercredi matin. Et partager des sensations fortes.

Après avoir pris son élan la veille au soir, le mistral a décidé de se renforcer dans la nuit de lundi à mardi et, au matin, il fallait arrimer solidement son couvre-chef pour ne pas le voir prendre le large au souffle frais du vent d’automne.

Perdre la tête ou son capeù? Qu’importe. Pour les marins, la question était "va-t-on sortir ou pas"? Des jours off, selon l’expression populaire, les courses nautiques en connaissent fréquemment.

De quoi faire sourire les râleurs patentés qui imaginent que les voileux gardent pied à terre dès que la mer gronde et le vent rugit. Que nenni.

En l’espèce, la plupart des voiliers sont capables d’affronter des conditions telles qu’on les connaît depuis 48 heures Le mistral, c’est sûr, c’est pas facile, mais vous ne la ferez pas à un loup de mer qui a passé le Cap Horn, les 40es rugissants ou les 50es hurlants. Et pas mal des gaillards inscrits aux Voiles 2022 auraient bien aimé en découdre ce mardi sur les vagues déchainées.

Mais voilà, naviguer en compétition, c’est aussi multiplier les risques de collision et la Nioulargue en a payé, jadis, un lourd tribut. Depuis, les règlements ont évolué et se sont renforcés au niveau sécurité. Pas question de lâcher 300 voiliers sur l’eau en cas de tempête.

Ce mardi, comme l’expliquait le responsable des courses, Georges Korhel, "la décision d’annuler les régates du jour s’est imposée naturellement et avec l’agrément de tous les acteurs. Le bulletin météo spécial en cours résume bien cette situation classique d’un épisode mistraleux qui balaie le golfe à plus de 30 nœuds. Les bateaux demeurent donc au port. On attend un sensible affaiblissement du vent ce mercredi pour la reprise des courses."

Les amateurs de sensations fortes, qui tournaient en rond ce mardi, de zinc en zinc, de mousse en mousse, ont même dû en avaler leur ciré quand le Village a fermé ses portes à 17h pour raison de sécurité. On ne plaisante pas avec des rafales dépassant les 90 km/h.

Mais ce matin, leur frustration devrait se transformer en bonheur si les régates sont lancées, car le mistral soufflera encore bien fort, avant de mollir. Idéal pour partager de vrais moments de navigation comme en connaissent les pros.

Partir en mer un jour de fort vent, c’est embrasser les éléments en ayant un double sentiment : le premier, d’être au cœur des forces de la nature, le second de se sentir tout petit face à la puissance du vent et de la houle.

On stresse un peu, c’est vrai, quand au sortir du port, le bateau commence à bouger de plus en plus. Les embruns viennent cogner au visage, l’eau salée habille le pont, les voiles, les corps.

À bord, c’est chacun à son poste et sans aucun temps mort. Harnaché par sécurité, quand il s’agit d’aller choquer la voile (la relâcher, lui donner du mou) ou rentrer le spi ou le gennaker. Penché et sous équilibre précaire tout au long des manœuvres, quand le voilier, poussé par le vent, est presque couché sur l’eau.

Pas question de sortir toute la voilure: on fait au minimum pour tenir le cap. À ce compte-là, on passe partout, et, parole, avec un bon bateau, un équipage solide et un capitaine expérimenté, rien ne peut vous arriver.

C’est pas demain que la sardine des Voiles va boucher l’entrée du port… même par mistral!

Qu’il soit absent ou trop présent, c’est de toute façon lui qui donne le tempo des Voiles. En l’occurrence, ce mardi, le vent d’ouest soufflait trop vigoureusement sur la Méditerranée pour que les 205 voiliers en compétition ne se risquent à prendre le large. Les régates ont ainsi été suspendues et esquifs comme marins sont restés cloués à terre toute la journée.

Pour le plus grand plaisir, il faut l’avouer, d’une grande partie des visiteurs qui ont ainsi eu tout le loisir de parcourir les quais depuis l’aube jusqu’au soleil couchant afin de scruter les ponts, les boiseries, les cordages, les coques, les baumes et les cuivres des 82 yachts classiques amarrés au vieux port.

Entre blues des régatiers...

Du côté des régatiers, l’affaire était moins simple. Que faire lors d’une pareille journée?

"Pas grand-chose", soupirent Andy et Orlando, membres d’équipage d’Emilia , qui prenaient encore leur café au village des voiles à l’heure où ils auraient dû prendre le large. C’est qu’ils ont espéré jusqu’au dernier moment que le mistral soit égal à la veille: suffisamment fort pour une navigation qui apporte du challenge mais sans mettre en péril la sécurité de compétiteurs. "C’est une journée ennuyeuse du coup et nous espérons surtout pouvoir lever l’ancre demain."

Sentiment partagé par Florian et Santiago, du moderne Bellini , qui errent à l’approche du déjeuner dans la rue Allard. Les yeux naviguant avec nonchalance de vitrine en vitrine. "On ne sait que faire alors on vadrouille. Peut-être irons-nous à la Citadelle. Certains membres d’équipage veulent jouer au golf, peut-être nous joindrons-nous à eux. En tout cas, ce qui est certain, c’est que nous prions tous pour que les courses aient lieu demain."

Si certains ruminent les pieds ballants sur le pont de leurs navires aux voiles pliées, d’autres ont tiré profit de cette situation.

"Après les essais de lundi, nous avons quelques réglages à faire pour être fin prêts pour les régates. C’est que mon équipage est très minutieux", sourit Vera, propriétaire et barreuse du 8MJI Bona . "Mais ce sont les hommes qui font le bricolage. Moi, je vais me charger de trouver un bon restaurant pour déjeuner tous ensemble et préparer une visite du village."

... et plaisir de se retrouver

Celles et ceux qui y trouvent leur compte, ce sont surtout les femmes des marins (et les hommes des marinettes). "Nous, marin, on aurait préféré naviguer mais nos femmes qui pensaient ne pas nous voir pendant quinze jours sont heureuses", s’amuse "Gillou", du tropézien Hermitage . "Ce qu’on va faire aujourd’hui? D’abord déjeuner au Migon. Après... ça va dépendre de notre état quand on en sortira!", reprend-il d’un rire gras.

Comme nombre de touristes le mardi, Simon s’est retrouvé à déambuler le long des étals du marché. Mais c’est accompagné de sa femme Audry et son fils Gaspard que le matelot de Serenade profitait de ce temps libre . "Avec leur métier, c’est parfois difficile pour les femmes de marin de passer des moments en famille. Donc, même s’ils étaient déçus de ne pas pouvoir sortir en mer, ça nous a permis de profiter un peu d’eux", jubile Audry.

Pour d’autres, c’était l’occasion de boire une bière ou un verre de rosé entre copains ou encore de se reposer avant les courses qui, chacun l’espère, pourront reprendre aujourd’hui à la faveur d’Éole.

Tous les voiliers en lice : Classique, Modernes, etc. Départ des régates en fin de matinée, selon la météo.

15h: rencontre avec Stéphane Mifsud, champion d’apnée, au stand des Voiles bleues, Village des Voiles. 17h: Jeu défi des équipages "Bras de fer" au Village des Voiles. 18h: concours de boules des équipages place des Lices. À partir de 18h45: musique live avec AlloSalsa au Village des Voiles, avec Verdolini Jazz Band sur le port et en ville.

Début d’après-midi : arrivée des jeunes marins du Yacht-Club Saint-Tropez pour la régate Optimist (si le temps le permet).

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