Témoignages. La tendance «no bra» : « Sans soutif, je respire !» - La Voix du Nord

2022-09-16 19:35:08 By : Mr. Jack Wong

Le mouvement du no-bra, qui laisse le soutien-gorge au placard, n’en finit pas de prendre de l’ampleur. Cet été, nous avons sondé les lectrices de La Voix du Nord : peu importe l’âge ou la taille de la poitrine, elles sont nombreuses à avoir passé le cap. L’argument du confort précède souvent le discours militant. Témoignages.

« La sensation d’être comme dans l’eau »

D’abord, c’est une question de confort. « Quand j’étais plus jeune, j’ai voulu en mettre un alors qu’il n’y avait vraiment pas grand-chose à soutenir. Mais aujourd’hui je me rends compte à quel point c’était inconfortable ! », soupire Elise-Marie, 23 ans.

L’étudiante lilloise a remisé armatures et bretelles depuis un peu plus d’un an. Et elle est loin d’être la seule. Dans la région, des femmes de 16 à 72 ans ont répondu à notre appel à témoins. Le confort est l’argument qui prime. Selon elles, la liste des désagréments est longue : le soutien-gorge « serre », « fait des marques », « tient chaud », et « difficile de trouver un modèle adapté ». Autre raison du désamour ? « Ca coûte cher ! »

Pour décrire la vie sans soutien-gorge, Céline, 29 ans, d’Avion, parle de « la sensation d’être comme dans l’eau : on se sent libre ». Cette assistante dans une école maternelle, ancienne vendeuse de lingerie, a enlevé le haut depuis deux ans : « J’étouffais ! Ras-le-bol de se conformer au cliché de la femme avec la poitrine sous le menton ! » A Comines, depuis qu’elle a sauté le pas il y a quatre ans, Peggy, commerciale de 46 ans, se sent « libre de mes mouvements et de mes choix ! »

De la tendance mode au symbole d’émancipation

Si cette dernière dit ne pas être féministe, le discours militant intervient souvent. « Oter le soutien-gorge, c’est aussi sortir des diktats en refusant l’uniformisation et l’hypersexualisation du corps féminin », estime Elise-Marie. « Les premiers mois, ça n’allait pas de soi, je me posais des questions en m’habillant le matin », explique celle qui avoue avoir été « inspirée par des youtubeuses féministes ». Elles conseillaient de « commencer l’hiver » et « par le sans-armature ».

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Sur Facebook comme Instagram, où les tétons - y compris ceux de La Liberté guidant le peuple de Delacroix ! - sont floutés, la tendance mode a glissé vers un symbole d’émancipation. Sous le hashtag #freethenipples, s’ajoute une autre tendance : celle du body positive, prônant une meilleure acceptation de son corps. « Mes complexes se sont envolés en même temps que mes soutien-gorge ! », expliquent à l’unisson deux de nos interlocutrices faisant respectivement du 80A et du 95D.

« Je ne remettrais un soutien-gorge pour rien au monde ! »

« Le no bra est très en phase avec ma génération », affirme Elise-Marie, qui parle de « sororité ». Une génération qui renforce les rangs du mouvement où Françoise, quinquagénaire dunkerquoise, explique : « Le cap à passer, c’est surtout le regard des autres. Moi, avant, c’était seulement l’été mais depuis deux ans, c’est tous les jours et je ne remettrais un soutien-gorge pour rien au monde ! »

« Comme un garçon »

Quant à Anne-Marie, retraitée arrageoise de 72 ans : « Depuis les années 1970, j’enlève mon soutif l’été. Mais je le remets l’hiver pour que ma poitrine soit maintenue. » Voilà un débat qui semble intergénérationnel : « Ma mère me répète que c’est mauvais pour la poitrine, alors que je trouve au contraire mes seins plus fermes aujourd’hui », explique Céline.

Mais même les plus ferventes adeptes du no bra avouent ressortir parfois leur soutien-gorge : pour « le sport », « pendant la grossesse », mais aussi pour « aller au bureau », explique Louise, 34 ans, dans la communication. Ou, plus surprenant, « aller chez le médecin », confie Peggy. Si les injonctions sociales ne sont pas encore tout à fait dégrafées, Elise-Marie résume le sentiment de nombreuses femmes : « Sans soutif, je respire mieux, aux sens propre et figuré ! » Cet été, elle a aussi retrouvé le plaisir de « se changer sur la plage sans se cacher, exactement comme le ferait un garçon ».

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