Sport intense : gare aux coups de chaleur d'exercice

2022-06-03 18:39:43 By : Ms. Rosaly Zhang

Avec l’arrivée de la saison estivale, les risques en lien avec les fortes températures sont bien connus. Parmi eux, le coup de chaleur soit lorsque le mécanisme de régulation de la température du corps peut se révéler insuffisant et que celle-ci augmente dangereusement : c’est le coup de chaleur ou hyperthermie. Le risque est important pour les enfants, les personnes âgées ou fragiles, mais aussi les adultes qui pratiquent des activités physiques intenses et prolongées : on parle alors de « coup de chaleur d'exercice » ou « hyperthermie maligne d'effort ». Le risque est qui plus important si l’humidité relative est élevée, si le sportif porte des vêtements et s’il n’y a pas de vent, ces situations s’opposant à l’évaporation de la sueur. En effet, l’exercice physique entraine une augmentation de la dépense énergétique, une élévation de la température du corps qui ne peut être régulée que par l’évaporation de la sueur. Celle-ci entraîne à son tour une déshydratation, responsable de la baisse de la performance, partiellement compensée par une consommation régulière d’eau.

Ainsi, toute élévation anormale de la température ambiante va entrainer une aggravation du phénomène de déshydratation tandis qu’en raison d’une régulation de la température corporelle rendue plus difficile, le corps ne peut plus stopper l’élévation de sa température grâce à l’évaporation de la sueur : apparaît alors le coup de chaleur. Deux marathoniens ont récemment été hospitalisés en réanimation au CHU d’Angers suite à cet évènement, c’est pourquoi l’établissement insiste sur l’importance de suivre des recommandations de base. Les médecins rappellent en premier lieu les signes à ne pas négliger : nausées, maux de tête, éblouissements, vertiges, fatigue anormale, troubles de la vision, propos incohérents … autant de sensations propres à un coup de chaleur d’exercice. « Ces signes neurologiques, lorsqu’ils apparaissent chez le sportif durant ou après l’effort, doivent alerter et conduire à un refroidissement immédiat. », indique le Pr Pierre Asfar, médecin réanimateur au CHU d’Angers. « Le coup de chaleur peut survenir quel que soit le niveau sportif de la personne. », indique-t-il. En outre, un coup de chaleur d’exercice ne survient pas uniquement lors de longues distances ou de fortes chaleurs.

Le Pr Pierre Asfar souligne ainsi que « les sportifs peuvent en être victimes par 25°C. En l’absence de vent et avec un taux d’humidité élevé, la température corporelle augmente et sa régulation est rendue difficile, voire impossible, provoquant ces malaises qui peuvent être très graves voire fatals. » Lorsque la météo n’est pas favorable à un exercice intense, les sportifs doivent donc réduire leur activité physique voire renoncer à participer à des compétitions. Si c’est le cas, ces derniers doivent s’asperger régulièrement le visage et la nuque avec de l’eau et s’hydrater, avant d’avoir soif et avant, pendant et après l’effort. Il faut enfin que les vêtements soient adaptés, pour une protection de la chaleur (de préférence en coton, de couleur claire, avec une casquette). Des facteurs personnels peuvent également favoriser les coups de chaleur d’exercice affirme à ce sujet le Haut Conseil en Santé Publique : une surcharge pondérale, un défaut d’entrainement physique, un épisode viral (rhume, bronchite), des pathologies chroniques, des antécédents de fatigue et de crampes lors d’effort physique, même modéré. L’institution recommande donc de bénéficier d’un avis médical avant toute pratique sportive.

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De son côté, la Croix Rouge recommande, en cas de prise de médicaments, de se renseigner auprès d’un professionnel de santé pour savoir si ceux-ci ne sont pas susceptibles de favoriser la survenue d'un coup de chaleur. Les sportifs doivent également veiller à s'abstenir de prendre de l'alcool 24 heures avant une épreuve sportive intense et à éviter les boissons aux propriétés diurétiques (café, thé) 12 heures avant. Que ces derniers soient d’un niveau confirmé ou débutant, l’erreur cruciale à ne pas faire est bien de ne pas outrepasser ses capacités physiques, notamment lors d’une compétition sportive. Côté organisation, des recommandations sont émises par les ministères de la Santé et des Sports, à commencer par aménager les horaires des épreuves, adapter les conditions de pratique, renforcer les équipes de secouristes sur place et, surtout, prévoir des moyens de ventilation et de rafraichissement. Le jour J venu pour les sportifs, il est essentiel de savoir contrôler son hydratation avant, pendant et après la compétition. Le Haut Conseil en Santé Publique (HCSP) recommande, avant celle-ci, 200 ml à 300 ml (deux verres) toutes les 30 mn et toutes les 15 à 20 mn pendant et après.

De même, les boissons d’effort sont conseillées pendant l’exercice : « pas d'eau pure au-delà de 2 litres à 3 litres car cela pourrait induire une diminution de la concentration de sodium dans le sang. », précise en effet l’organisme. Pourquoi un tel choix ? « L'assimilation d'eau (vidange gastrique) est favorisée par des solutions contenant en même temps : des sucres (au moins 20 à 50 g/l de sucres en ambiance chaude) et du sodium (400 à 600 mg/l soit 1 g à 1,5 g de sel par litre de boisson). », indique ainsi le HCSP non sans recommander à la fin de la séance de sport une boisson de récupération. Si le coup de chaleur survient, il convient de réagir rapidement en arrêtant l’activité sportive, en mettant en oeuvre des mesures immédiates de refroidissement : s’hydrater après avoir choisi un endroit au frais et à l’abri du soleil et, en attendant l’arrivée des secours, « refroidir » la personne avec des sacs de glaçons sur les cuisses et les bras. A noter que selon les estimations du CHU d’Angers dressées auprès de France Info, la mortalité sur les cas les plus sévères de coups de chaleur est passée en dix ans de l'ordre de 1 personne sur 3 personnes touchées à moins de 10% des cas grâce à la mise place de soins précoces.