Rugby/Antoine Hastoy : « Pau restera toujours mon club de cœur » - La République des Pyrénées.fr

2022-06-03 18:38:34 By : Mr. Wills Tong

Avez-vous un compte à rebours en tête, avec cette échéance du dernier match sous le maillot de la Section qui se rapproche ?

Forcément j’y pense un peu. J’essaie de me concentrer au maximum sur ce qu’on va faire pendant le match. Pour que la fête soit vraiment belle, que ce soit une belle dernière, il faut qu’on fasse un bon match et qu’on gagne. J’essaie de ne pas trop sortir les émotions maintenant.

Avec les coéquipiers, dans la famille, en ville, tout le monde doit vous en parler. Comment gérez-vous cette situation ?

On m’en parle souvent, quelques petites réflexions aussi « c’est bon tu nous lâches ». Forcément ça fait un petit pincement, j’essaie vraiment de me concentrer sur le rugby.

Côté rugby, il y a un petit challenge « égoïste », celui de finir meilleur réalisateur du Top 14. Un mano à mano avec l’ouvreur de Lyon Léo Berdeu se profile.

Je n’y pense pas vraiment, on m’en a parlé la semaine dernière en interview. J’ai regardé les chiffres, je vais essayer de marquer des points et on fera les comptes à la fin. L’an dernier, j’étais déjà sur le podium, je suis content d’y être et j’espère y être dans les saisons à venir.

Pour l’instant vous avez un des pourcentages de réussite face aux perches les plus élevés. C’est un exercice que vous avez appris à travailler ?

J’aimerais que le pourcentage soit plus élevé, il y a deux ou trois matches qui m’ont fait chuter. Ça m’énerve un peu. C’est quelque chose que j’aime travailler.

Autre chose qui nous a marqués cette année, votre polyvalence 10-15. Qu’est-ce qu’elle vous a apporté ?

C’est positif pour moi de montrer que je peux jouer à deux postes. Cela fait voir quelque chose de différent, prendre un peu plus de recul sur le jeu, être un peu plus libéré de la stratégie de match. Mais maintenant, 10 et 15, c’est similaire dans beaucoup de projets de jeu. On demande d’être des meneurs de jeu à ces deux postes.

Avez-vous ressenti quelque chose samedi dernier quand La Rochelle, votre futur club, a soulevé la Coupe d’Europe ?

Je n’ai rien ressenti du tout, c’est bien pour eux. C’est un club français, tant mieux. Je vais essayer de faire la même chose la saison prochaine.

Vous avez au moins la certitude de jouer la Champions Cup l’année prochaine. Quand on est déjà dans le groupe France, est-ce un atout supplémentaire de jouer ces matches-là de très haut niveau, avec aussi dans un coin de votre tête la Coupe du monde 2023 ?

Bien sûr, c’est aussi pour ça que j’ai décidé de partir de Pau, pour jouer dans un club qui joue le haut du tableau dans les deux compétitions. Pour moi c’est le meilleur moyen de progresser et c’est bien sûr important pour mon avenir individuel en équipe de France.

Comment avez-vous pris cette décision de partir à La Rochelle ?

J’y ai pas mal réfléchi l’été dernier, en revenant de la tournée en Australie. Je n’avais pas envie de trop me prendre la tête avec ça. C’est pour ça que ma décision a été annoncée tôt. J’ai fait les choses clairement avec la Section, toujours parlé librement. Je suis content de comment ça s’est passé, que ça ne soit pas un départ en mauvais termes.

Cette décision au bon moment, vous a-t-elle permis de vous concentrer sur le rugby et de réaliser une belle saison avec la Section.

Je voulais vite savoir, me concentrer pleinement sur ce nouveau projet.

Vous n’avez pas regretté votre choix quand la Section enchaînait de bonnes performances ?

Non du tout, j’étais sûr de mon choix dès le début. Même si on avait fini dans le top 6 cette année, ça ne m’aurait pas fait regretter. Je savais que j’avais besoin de partir, de changer.

Quel sentiment allez-vous garder de votre aventure à la Section, votre club formateur, celui avec lequel vous vous êtes révélé ?

Je suis hyper reconnaissant de toutes les personnes qui m’ont accompagné depuis minimes. J’ai grandi ici, je me suis fait des potes, c’est une fierté d’avoir pu porter ce maillot et de voir qu’on peut commencer en jeunes, jouer en pro dans son club formateur et intégrer l’équipe de France. Pau, ça restera toujours mon club de cœur.

Avec Zack Henry et Thibault Debaes, vous laissez ce numéro 10 entre de bonnes mains ?

Je n’en doute pas, je ne doute pas non plus que, malgré mon départ, ça va marcher quand même. Je ne me fais vraiment pas de soucis pour Pau.

Est-ce aussi un moyen de sortir de votre bulle de confort ? Vous êtes l’enfant du pays, vous êtes un chouchou pour le public du Hameau. À La Rochelle, vous serez un joueur comme les autres finalement.

J’avais surtout envie de changer. Je connais un peu tout le monde ici. J’étais dans le confort, même si je bosse dur. Là, ça me fait m’éloigner de tout : de ma famille, de mes amis ici. Il va falloir que je reconstruise quelque chose. Là-bas, il y aura déjà des joueurs majeurs à leur poste au niveau international ou dans leur club. C’est à moi de prouver que je mérite d’être là-bas.

Vous allez vous retrouver sur le terrain face à des gars qui comptent, comme Lucas Rey ou Mathias Colombet, avec qui vous jouez depuis des années.

Ça va être bien, on en parle déjà entre nous. Ça va être marrant, on va bien se battre pendant 80 minutes puis on prendra une bonne bière à la fin.

Quand il y a des amitiés aussi fortes, forcément, aimerez-vous un jour rejouer avec eux ?

Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité. Peut-être qu’ils viendront me rejoindre un jour. Sinon sous le maillot bleu, ça me ferait encore plus plaisir. Après, on va continuer à se voir. Malgré, les calendriers chargés, on va essayer de trouver du temps pour se voir. Ils viendront à la maison à La Rochelle et j’aurais de quoi dormir en venant ici.