Reprise du pèlerinage juif à Djerba après deux ans d'interruption

2022-06-03 18:41:15 By : Ms. juan yang

Bougies et processions. Des centaines de pèlerins juifs ont afflué mercredi à la synagogue de la Ghriba, sur l'île de Djerba, pour un évènement-phare de la saison touristique en Tunisie, après deux ans d'interruption en raison de l'épidémie.

Les premiers visiteurs sont arrivés dans la matinée et ont franchi des portiques de sécurité sous forte garde policière dans ce lieu frappé il y a 20 ans par un attentat suicide ayant fait 21 morts.

A l'intérieur, les pèlerins allument des bougies avant d'entrer dans une petite grotte où se trouverait selon la tradition une pierre du premier temple de Jérusalem. Ensuite, ils échangent des fruits secs et confiseries autour d'une prière prononcée par le rabbin de la synagogue.

Beaucoup de pèlerins immortalisent avec des photos et des vidéos leur visite dans cette synagogue aux colonnes peintes en blanc et bleu, dont la construction remonterait au 6e siècle avant JC.

Le pèlerinage de la Ghriba rassemblait certaines années jusqu'à 8.000 personnes sur deux jours dans cette synagogue, l'une des plus anciennes et plus importantes pour les Juifs originaires d'Afrique du Nord.

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"Mon père est djerbien et c'était pour lui très important. J'ai gardé ce souvenir, je venais quand j'étais jeune", raconte à l'AFP Solange Azzouz, 75 ans, née à Tunis et qui vit depuis 58 ans à Marseille.

La Tunisie comptait avant l'indépendance en 1956 plus de 100.000 juifs, une communauté tombée à environ un millier de membres.

En habit de fête avec sa chemise de soie et son collier de perles, Mme Azzouz attend à l'extérieur sous un soleil brûlant. "En vieillissant, je commence à apprécier le pèlerinage, l'ambiance. J'ai même un peu de famille ici", confie la septuagénaire, pour laquelle cet évènement est "un porte-bonheur".

Le pèlerinage consiste aussi à suivre en procession une grande menorah, le candélabre juif, montée sur trois roues et décorée par des tissus colorés.

Né au Maroc, Adi Wizman Nicodeme, 74 ans, vient pour la première fois à l'invitation d'un ami. Citoyen israélien vivant à Paris, il est venu pour "connaître l'endroit" et au nom de sa foi. "Tous mes amis m'en ont parlé ainsi que mes élèves", confie à l'AFP ce professeur de judaïsme et d'hébreu.

"Je sens quelque chose, c'est très fort pour moi", ajoute-t-il.

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En Tunisie, le chef de l’Etat vient de révoquer près de 60 juges pour corruption et entrave à des enquêtes. Par le truchement d’un décret, Kais Saied a renforcé sa tutelle de l'autorité supervisant le système judiciaire, après s'être octroyé les pleins pouvoirs en juillet dernier.

Le président tunisien Kais Saied, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs en juillet dernier, a révoqué jeudi près de 60 magistrats pour corruption et entrave à des enquêtes, après avoir renforcé sa tutelle sur le système judiciaire.

Le président tunisien Kais Saied, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs depuis juillet dernier, a modifié par décret jeudi une loi réglementant le fonctionnement de l'autorité de supervision de la justice et révoqué près de 60 juges.

Une liste de 57 juges a été publiée dans la nuit au Journal officiel dans un décret qui justifie leur révocation pour "dissimulation d'affaires terroristes", "corruption", "harcèlement sexuel", "collusion" avec des partis politiques et "perturbation du fonctionnement de la justice". Le président Saied avait auparavant annoncé "une décision historique" , à l'issue d'un Conseil des ministres mercredi.

Parmi les magistrats limogés qui pourront faire l'objet de poursuites, on trouve un ancien porte-parole du pôle de lutte contre le terrorisme, un ancien directeur général des douanes et l'ancien président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Les révocations concernent aussi des magistrats soupçonnés d'avoir entravé l'enquête sur les assassinats en 2013 de deux dirigeants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, imputés à des jihadistes.

M. Saied a amendé la loi qui régit le CSM, autorité de tutelle de la justice tunisienne, pour pouvoir les révoquer, invoquant une "atteinte à la sécurité publique ou à l'intérêt suprême du pays". Le décret lui permet de limoger "tout magistrat en raison d'un fait qui lui est imputé de nature à compromettre la réputation du pouvoir judiciaire, son indépendance ou son bon fonctionnement".

Ces révocations sont basées "sur de simples soupçons sans décision judiciaire", a dénoncé le Front de salut national, une coalition d'une dizaine d'organisations d'opposants, dont le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de Kais Saied. "C'est un règlement de compte contre les magistrats" qui sont "contre le coup de force de M. Saied", a ajouté devant la presse Ghazi Chaouachi, président du Courant démocrate.

Son parti et quatre autres, dont le Parti des Travailleurs de Hamma Hammami, opposant farouche du régime de l'ancien président Zine el Abidine Ben Ali, ont annoncé jeudi leur boycott d'un référendum "imposé" par M. Saied.

Les Etats-Unis ont aussi déploré une "série alarmante de mesures qui sapent les institutions démocratiques indépendantes de la Tunisie".​ "Nous continuons à exhorter le gouvernement tunisien à entreprendre des réformes de manière inclusive et transparente, avec l'apport de la société civile des diverses tendances politiques, pour renforcer la légitimité du processus", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price à Washington.

En février, Kais Saied avait dissous le CSM avant de le rétablir à titre provisoire, en changeant la composition. Il s'agit d'un organe constitutionnel indépendant, établi en 2016, dont les membres sont élus en majorité par le Parlement.

Depuis la Révolution de 2011, qui a renversé Ben Ali, cette assemblée a été dominée par des coalitions menées par Ennahdha. Saied a également modifié récemment la composition de l'autorité électorale (Isie) qui supervise les élections en Tunisie. Depuis le 25 juillet 2021, assurant agir dans l'intérêt du pays, Kais Saied concentre tous les pouvoirs et dirige la Tunisie par décrets-lois, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau des Printemps arabes.

Pour sortir de l'impasse provoquée par son coup de force, qualifié de "coup d'Etat" par ses opposants, le président a proposé une feuille de route qui prévoit un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des législatives anticipées le 17 décembre.

Outre la crise politique, la Tunisie est en proie à de graves difficultés économiques. Surendetté, le pays tente d'obtenir un nouveau prêt du Fonds monétaire international d'au moins quatre milliards de dollars.

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