En Ile-de-France, le marché prometteur de l'équipement « vélotaf » | Les Echos

2022-05-27 18:30:42 By : Mr. Lynn Shu

Crise sanitaire aidant, les Franciliens sont de plus en plus nombreux à se rendre à vélo sur leur lieu de travail. Le marché des équipements est donc en plein essor et aiguise les appétits des jeunes pousses.

Et si vous vous rendiez au travail à vélo… bien équipés ? Casque à visière intégrée, selle ergonomique ou sac à dos réfléchissant… Les kits pour « vélotafeurs », surnom donné aux salariés qui vont au bureau à vélo, fleurissent sur le marché. Le secteur des pièces et accessoires de vélo a enregistré une hausse de 21 % sur un an, franchissant la barre du million d'euros en 2021, selon le dernier rapport de l'Union Sport et Cycle, qui représente les entreprises du secteur.

Une augmentation encouragée par ces millions de salariés qui enfourchent chaque jour une bicyclette. 8 % des Français déclarent adopter le vélotaf au moins une fois par semaine, selon les chiffres de l'association. « En l'espace de deux ans, on a juste doublé le chiffre. Il y a une vraie lame de fond ! », se réjouit son directeur général, Virgile Caillet.

À côté des leaders historiques du marché, certaines jeunes pousses cherchent à tirer leur épingle du jeu. La jeune start-up parisienne Jungle Bike, lancée en janvier, référence sur son site une centaine de marques éthiques et responsables. « Parmi les principaux besoins, nous retrouvons des casques légers et pliants qu'on envoie surtout aux grandes villes », détaille la fondatrice, Alice Battarel, à la tête d'une équipe de six employés.

Du pratique, mais surtout de la sécurité. Car sur le bitume, les vélotafeurs cohabitent avec les voitures et autres deux-roues. La taille du matériel doit, elle, s'adapter aux sacs de travail. « Mais contrairement à la pratique sportive comme le VTT, le vélotaf cherche du style et du joli », ajoute la dirigeante. Le coupe-vent à motifs fleuris remplace donc peu à peu le traditionnel gilet jaune.

En l'espace de deux ans, on a doublé le chiffre. Il y a une vraie lame de fond

Certaines start-up souhaitent, elles, penser le vélotaf au féminin. Basée dans les Yvelines, la jeune pousse City Rideuz a conçu la première gamme de sur-jupes à zipper. « Avant, les femmes qui voulaient se rendre au travail à vélo devaient mettre un pantalon, ou prévoir une tenue de rechange », argumente Anne-Cécile Gryson, fondatrice de la marque avec sa soeur, qui fabrique ses produits dans deux usines en Chine et en France. Munies de deux bandes réfléchissantes, les jupes protègent aussi des intempéries. Avec un prix de départ de 49 euros pour l'accessoire d'été, elles se sont écoulées à un millier d'exemplaires sur un an.

Car les néophytes, pour beaucoup des cadres, sont vraisemblablement prêts à mettre le prix : plus d'une centaine d'euros en moyenne pour une veste réversible ou des sacoches pour vélo en cuir. « Un usager qui fait 6 kilomètres en voiture pour se rendre au travail, s'il multiplie chaque jour fois le plein d'essence, il rentabilise rapidement son investissement », décrypte Virgile Caillet de l'Union et Cycle, en plein pic du prix du pétrole. Et sans compter les bouchons.

Ce nouveau marché aiguise l'appétit de jeunes pousses jusqu'à maintenant spécialisées dans l'équipement professionnel. Avant de se tourner vers le grand public, l'entreprise Urban Circus, lancée en 2015, fournissait majoritairement des plateformes de livraison à vélo. « Nous réalisons aujourd'hui environ un tiers de nos ventes sur l'équipement pour particuliers », se félicite son cofondateur Quentin Xavier, basé dans la capitale.

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Présente auprès d'une cinquantaine de revendeurs, l'entreprise a développé une gamme de vêtements contre les intempéries. « En hiver, il y a beaucoup moins de vélotafeurs, constate le gérant. Si une personne prend son vélo un mois de plus grâce à nos vestes, notre contribution va réduire l'impact en carbone ».

Après une année grippée par le covid, l'activité de la start-up a bondi de 120 % en 2021. Pour se faire une place sur le marché, Urban Circus mise désormais sur la technologie. « Nous sommes en train de développer une veste à intelligence artificielle détectable par le système de freinage des voitures », glisse Quentin Xavier. La mise en vente de cette veste auprès du grand public est prévue pour la rentrée prochaine

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