Depuis la révolution #metoo, les hommes n’en pensent pas moins

2022-10-14 20:47:58 By : Ms. Anne Ameijing

Pénurie de carburants : 28,5 % des stations françaises « en difficulté », les sites de TotalEnergies toujours en grève

Données numériques : Washington pousse pour faire avancer le projet d’accord entre l’Union européenne et les Etats-Unis

Depuis un an, l’inflation fait monter la conflictualité sociale

« L’économie française ne dispose pas des compétences nécessaires à l’accroissement de sa productivité »

« L’art vaut-il plus que la vie ? » : des militants écologistes s’en prennent à un Van Gogh pour donner l’alerte

« Louisette » ou le dernier tabou de la guerre d’Algérie : le premier film d’animation du « Monde » avec « La Revue dessinée »

En Iran, les manifestants crient leur colère mais se protègent des représailles du régime

Cinquante ans du Front national : comment le « point de détail » de Jean-Marie Le Pen s’est transformé en fiasco politique

Atteintes à la laïcité : un devoir de vigilance et de protection

« Le problème pour les Etats-Unis maintenant est que l’Arabie saoudite les méprise ouvertement »

Plurielle, affranchie de l’entreprise, la « valeur travail » se métamorphose

Noël Mamère : « Dans le domaine écologique, la macronie et ses affidés récitent un vocabulaire qu’ils considéraient hier comme appartenant à une langue barbare »

Au Festival Lumière, hommage à Sidney Lumet, une caméra pour sonder l’injustice

« Le Feu du Milieu », de Touhfat Mouhtare : toutes les vies qui se puissent vivre

« Cellule de rimes », sur France.tv Slash : le rap pour se réinsérer et oublier la prison

Robbie Coltrane, célèbre pour son rôle de Hagrid dans la saga « Harry Potter », est mort

De Paris à Créteil, cinq rooftops encore ouverts en hiver

Victor Coutard : « La cueillette des champignons, c’est mon yoga à moi »

La tartine fromage-champignons : la recette de Victor Coutard

Les éclopés du running : « Je me suis retrouvée avec un muscle qui se baladait dans le mollet »

Réservé à nos abonnés

Reportage Jusqu’où la révolution déclenchée par le mouvement contre les violences sexuelles et sexistes est-elle allée ? La vague a-t-elle atteint M. Tout-le-Monde ? Pour le savoir, pas d’autres moyens que de tenter de faire parler ce grand timide.

Dans une pièce remplie de trophées, au premier étage d’une maison ardennaise sur laquelle tombe une pluie fine mais têtue, trois jeunes hommes ouvrent des yeux ronds comme des billes. Assis en rang d’oignons, ils semblent vouloir disparaître sous la table, se fondre dans le décor. Eux qui d’ordinaire, sur le terrain, occupent tout l’espace, vêtus de leurs tenues rembourrées de hockeyeurs, casques, plastrons, culottes, se font tout petits, les mains crispées sur des jambes nouées. Dans quel guet-apens sont-ils tombés ? Pourquoi le président de leur club les a-t-il envoyés faire cette interview étrange ? Autour de la table, il n’est pas question du prochain match ni de l’une des nombreuses victoires de leur équipe, les Diables de Rethel, la plus titrée de France et d’Europe dans sa discipline, le roller hockey.

#metoo, les cinq ans d’une révolution

Tous les articles de notre édition spéciale

Il est question d’eux, de leurs vies de jeunes hommes, de leurs relations avec les filles. Noé Dejean a 19 ans, il est apprenti électricien, et occupe le poste de défenseur dans l’équipe. Mickaël Langlait, 18 ans, est attaquant, et en deuxième année de Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Le Tchèque Petr Skoloud, 28 ans, également attaquant, est le seul des trois à avoir un contrat professionnel.

Leur gêne emplit la pièce d’un air épais. On entend les chaises craquer. #metoo ? Non, ils ne voient pas. Seul le plus âgé des trois hoche la tête – il est aussi le plus à l’aise. Les procès, les plaintes ? Non plus. Ah si, se souvient Mickaël, il a suivi le procès Johnny Depp-Amber Heard. Ça l’a rassuré de voir que l’on ne croyait pas toujours les filles sur parole. Et les filles, justement, comment ça se passe, pour eux qui doivent être accueillis partout comme des héros ? Ils n’y pensent pas trop. Pas le temps : les études, les entraînements, les déplacements les accaparent. Il y en a bien une dans leur équipe, la deuxième gardienne, puisque la fédération autorise la mixité – il faut faire avec. Ce que ça change ? Pas grand-chose. Sauf que pour les matchs, il y a deux vestiaires. Leur place de garçon, d’homme dans la société ? Rien à signaler. Ils feront un peu comme leurs pères, un peu autrement – plus de tâches ménagères, sans doute.

Au bout de vingt minutes de torture et autant de monosyllabes, les trois jeunes hommes sont enfin libérés. Les chaises sont repoussées dans un fracas, les escaliers dévalés : ils partent à l’entraînement, sur un terrain autrement plus familier, celui du Palais des sports de Rethel.

Le titre de travail de cette enquête était « Dans la tête des hommes, après #metoo ». De toute évidence, pour y accéder, il faudrait s’y prendre autrement. Les premières réactions sont peu encourageantes. Railleries paternelles : « Alors, ça y est, tu as découvert qu’on n’avait rien dans le ciboulot ? » Provocation d’un collègue : « Tu verras, dans la tête des hommes, ce n’est pas très compliqué : “A quelle heure on mange ?” » Rire nerveux d’un professeur accompagnant sa classe de 1re pro en voyage scolaire à Cherbourg : « Vous n’allez pas être déçus ! Non, sérieusement, j’aurais pensé que les discours évolueraient un peu, avec tout ce que l’on a entendu ces dernières années, mais rien. Le machisme est omniprésent dans leurs conversations. » A la table du petit déjeuner de l’auberge de jeunesse où ils séjournent, ses élèves, joggings noirs et traces d’oreiller sur les joues, ont préféré plonger le nez dans leur bol de céréales plutôt que de répondre à cette importune avec son café et son carnet.

Il vous reste 86.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

Comment ne plus voir ce message ?

En cliquant sur « Continuer à lire ici » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

Y a-t-il d’autres limites ?

Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

Vous ignorez qui est l’autre personne ?

Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Accédez à tous les contenus du Monde en illimité.

Soutenez le journalisme d’investigation et une rédaction indépendante.

Consultez le journal numérique et ses suppléments, chaque jour avant 13h.