Royaume-Uni — Les quatre agences de santé publique du Royaume-Uni* ont publié de nouvelles recommandations sur la manière dont les professionnels de santé doivent prendre en charge les cas de variole du singe suspects ou confirmés[1].
Ces nouvelles recommandations sont publiées alors qu’au 31 mai, 196 cas de variole du singe (monkeypox) ont été rapportés au Royaume-Uni. Notons qu’outre-Manche, des tests moléculaires rapides ont montré que tous les cas britanniques observés à ce jour appartenaient au clade ouest-africain de la maladie, qui entraîne un taux de mortalité de 1%, et non pas au clade centrafricain, qui a un taux de mortalité beaucoup plus élevé de 10 %.
« Ces nouvelles recommandations sur la variole du singe définissent des mesures importantes pour les professionnels de santé et le public », a indiqué la Dre Ruth Milton, conseillère médicale en chef et directrice de la réponse stratégique à la variole du singe à l'UKHSA, avant d’ajouter : « Le risque de transmission le plus élevé est par contact direct avec une personne atteinte de variole du singe. Le risque pour la population britannique reste faible et toute personne présentant des éruptions cutanées ou des lésions inhabituelles sur n'importe quelle partie de son corps doit immédiatement contacter le NHS 111 ou son service local de santé sexuelle ».
Les recommandations stipulent que les cas « possibles, probables ou confirmés » doivent éviter tout contact avec d'autres personnes jusqu'à ce que leurs lésions soient guéries et que les croûtes se soient séchées. Le risque de transmission peut être diminué par les mesures d’hygiène classiques et en lavant leurs vêtements et draps avec des détergents classiques à la machine à laver.
Les cas doivent également s'abstenir de relations sexuelles tant qu'ils sont symptomatiques, y compris pendant la période d'apparition précoce des symptômes, et tant que des lésions sont présentes. Bien qu'il n'y ait actuellement aucune preuve de la présence du virus dans les sécrétions génitales, par mesure de précaution, il est conseillé d'utiliser des préservatifs pendant 8 semaines après l'infection. Ces directives seront mises à jour au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles.
Si les personnes atteintes ou possiblement atteintes doivent se déplacer pour se faire soigner, elles doivent s'assurer que toutes les lésions sont couvertes d'un tissu, de porter un masque et d’éviter les transports en commun dans la mesure du possible.
Les contacts d'une personne feront également l'objet d'une évaluation des risques et seront invités à s'isoler pendant 21 jours si nécessaire.
Dans la mesure du possible, les professionnelles de santé enceintes et les personnes gravement immunodéprimées (comme indiqué dans le livre vert) ne doivent pas examiner ou soigner les personnes atteintes de variole du singe suspectée ou confirmée. Cette recommandation sera réévaluée au fur et à mesure que de nouvelles données émergeront.
L'Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) a aussi mis à jour ses directives sur l'utilisation du vaccin antivariolique MVA-BN Imvanex (Bavarian Nordic) qui repose sur l'injection d'une forme modifiée vivante du virus de la vaccine appelée vaccine Ankara apparentée au virus de la variole.
L’agence a acheté plus de 20 000 doses du vaccin qui doit être proposé en pré-exposition aux professionnels de santé en cas de prise en charge d'un patient atteint de variole du singe et au personnel travaillant dans les services de santé sexuelle qui ont été identifiés comme évaluant les cas suspects.
En post-exposition, le vaccin doit être proposé aux contacts étroits, idéalement dans les 4 jours suivant l'exposition, mais il peut également être proposé aux contacts étroits à haut risque, notamment les hommes homosexuels et bisexuels, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, les personnes immunodéprimées, les jeunes enfants et les femmes enceintes, jusqu'à 14 jours après l'exposition.
Les recommandations décrivent également l'EPI minimum pour les professionnels de santé qui travaillent au contact de cas confirmés ou probables de variole du singe :
Masque chirurgical hydrofuge (FRSM) (un FRSM doit être remplacé par un respirateur FFP3 et une protection oculaire si le cas présente une infection des voies respiratoires inférieures avec une toux et/ou des changements sur la radiographie pulmonaire indiquant une infection des voies respiratoires inférieures)
Protection des yeux en cas de risque d'éclaboussures sur le visage et les yeux
Pour les cas confirmés nécessitant une prise en charge clinique continue, l'EPI minimum recommandé pour les professionnels de santé est :
Respirateur FFP3 testé pour l'ajustement
Blouse jetable à manches longues, hydrofuge
Les patients avec un diagnostic confirmé qui se trouvent dans des établissements de soins sociaux pour adultes, des prisons, des refuges pour sans-abri… et qui sont cliniquement bien portants, doivent être pris en charge dans une chambre individuelle avec si possible des toilettes séparées. Leurs personnes-contacts étroits doivent être évaluées pour vaccination.
*Agence britannique de sécurité sanitaire, Public Health Scotland, Public Health Wales et Public Health Agency Northern Ireland.
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Citer cet article: Variole du singe : le Royaume-Uni publie de nouvelles recommandations - Medscape - 3 juin 2022.
Journaliste Diplômée d'une maîtrise de biologie moléculaire (Paris VI) et d'un Master de journalisme scientifique et médical (New York University), Aude Lecrubier écrit, depuis plus de 10 ans, pour la presse française et anglo-saxonne (Reuters Health, Embo Reports...). Elle a fait ses premiers pas en journalisme à Popular Science, Science & Vie et Environnement magazine avant de se consacrer au médical. Après huit années au sein des groupes NHA Communication et Impact Médecine, elle a rejoint notre équipe. Aude Lecrubier n'a aucun conflit d'intérêt à déclarer.